Douter du futur...

Hauru poussa un soupir, une main sur son ventre déjà bien arrondie par le sixième mois de grossesse. Elle était assise dehors, prenant le peu de Soleil qu'il y avait, avant que l'orage ne s'abatte... En effet, des nuages noirs commençait à arriver, menaçant. Feanor grogna. Il devrait passer le reste de la journée dans sa Poké Ball... Et ça ne lui plaisait pas vraiment. Valaraukar lui, devait se dépenser au maximum, car à l'intérieur, il n'avait pas la même liberté que dans le jardin. Leur dresseuse était néanmoins soucieuse, perdue dans ses réflections... Elle doutait... et ce n'était pas bon signe. Lorindol à ses côtés la regardait, un peu inquiet... Elle lui bloquait ses pensées... Involontairement sûrement... Elle se coupait du monde, et il n'aimait pas ça... Regardant le loup, il l'envoya chercher Heiji, qui était parti quelques minutes chez son ami d'enfance à l'égal Lucario. En songeant à Calimethar, son nouvel ami aussi énergique que lui, le Grahyena quitta la maison en trombe, courant à vive allure retrouver son compagnon, et accesoirement, prévenir Heiji que quelque chose n'allait pas vraiment...

La jeune femme ferma les yeux. Elle avait refusé de venir chez les deux amis d'enfance de son amant. Elle en était d'ailleurs désolée, mais avait besoin de mettre les choses au point avec elle-même. Et plus cela allait, plus elle se perdait... Elle avait peur... peur... de ne pas parvenir à l'élever correctement, voire même, peur de reproduire le même comportement que sa mère... Même si elle en doutait... toutes ces choses, toutes ces éventualités raisonnaient dans sa tête, lui meurtrisant les neurones et le coeur... Sans qu'elle ne s'en rende compte, une larme, puis deux coulèrent, lentement, alors que les derniers rayons de Soleil disparaissaient derrière les nuages. D'ici quelques minutes une véritable averse s'abattrait sur le village tout entier...

Les trois amis s'étaient retrouvés chez Shinichi, cette fois. Calimehtar était un peu déçu, car, Hauru n'étant pas là, son ami Grahyena non plus. Aussi, il boudait, allongé aux pieds de son dresseur.
Soudain, ils entendirent des aboiements, venant du dehors. L'Elecsprint fut le premier à reconnaître de qui ils provenaient, et le premier aussi à atteindre la porte. Poussant un soupir, le jeune homme au Soul Lucario consentit à aller ouvrir. Valaraukar, trempé, bondit aussitôt sur le chien électrique, et commença à se battre contre lui, à coups de pattes et de tête.

"Bonhomme?! Mais enfin... Qu'est-ce que tu fais ici?" S'étonna Heiji, ne comprenant pas la raison de la venue du loup, mis à part son anvie de revoir son ami.

Le Grahyena ne répondit pas aussitôt, occupé à essayer de repousser Calimehtar. Il ne s'arrêta que lorsque Heiji l'en sépara.

"(C'est Lorindol qui m'a dit de venir te chercher.)"
"Que... Quoi?! Il y a un problème?" S'inquiéta le jeune homme à la peau mat.
"(Eh bien... Je ne me souviens plus, en fait.)"

Heiji leva les yeux au ciel. Il ne changerait donc jamais... Le saisissant par la peau du cou, afin qu'il n'aille pas encore une fois avec l'Elecsprint, le jeune homme se tourna vers ses amis.

"Désolé, mais je crois qu'il vaudrait mieux que j'y aille. Si Lorindol a envoyé bonhomme ici, même s'il ne s'en souvient plus, c'est qu'il y a un problème."
"T'en fais pas. J'espère que ça ne sera pas trop grave."
"Oui, moi non plus. A bientôt!"

Ils sortirent sous la pluie, courant pour éviter de se mouiller davantage. Cependant, étant déjà trempé, Valaraukar prit un malin plaisir à sauter dans les flaques qui commençaient à se former. Si bien que, lorsqu'ils parvinrent à la maison, c'était le loup qui était trempé jusqu'aux os.
Après s'être rapidement sêché avec une serviette, Heiji chercha sa compagne. Il la trouva dans le salon, assise dans le canapé, plongée dans ses pensées. S'approchant par derrière, il l'enlaça.

"Quelque chose ne va pas, ma chérie?"

La jeune femme sursauta en sentant les mains de son amant se poser sur son ventre bien rond déjà. Elle se sentit rougir et, prenant doucement les paumes de son compagnon dans les siennes, avant de les repousser délicatement, sans violence.

"Ne me serre pas trop, tu va te mouiller..."

En effet, ce n'était que lorsque Feanor avait frotté sa tête contre la sienne avec douceur mais fermeté pour lui signaler qu'il fallait rentrer, qu'il pleuvait depuis un bon moment déjà. Elle était en effet trempée, sa queue de cheval gouttant dans son dos, la faisant frissonner... Elle avait froid, sans en avoir conscience réellement. Seul son corps lui faisait savoir... Ses vêtements humides lui collaient à la peau... son ventre était un peu tendu... Un peu beaucoup à dire vrai... Et elle n'était pas fichu de s'en rendre compte... Lorsqu'elle comprit, elle serra le poing, honteuse. Elle ne pleurait plus, mais ne tarderait pas à recommencer, se sentant misérable... Oui... incapable... Elle n'était... qu'une incapable... Elle se leva et s'éloigna un peu, un gémissement peiné lui échappant involontairement...

"Je suis... sincèrement désolée... de... que Valaraukar... t'ai chercher..."

"Ne t'en fais pas. Je préfère qu'il soit venu me chercher."

Il s'approcha à nouveau d'elle, mais s'immobilisa. Sa compagne, trempée, grelottait et claquait des dents. De plus, à la vue de ses vêtements, dégoulinants, il devina qu'elle était restée assez longtemps sous la pluie. Il s'avança encore, et, une fois à la hauteur de la jeune femme, posa ses lèvres sur son front.

"Hauru... Mais tu es gelée! Tu ne peux pas rester comme ça!"

Heiji se dirigea vers la chambre, d'où il revint aussitôt avec une couverture. Doucement, il enleva le haut de sa compagne, puis l'enveloppa. Pour finir, il l'entoura de ses bras, frottant son dos et ses bras pour la réchauffer.

Elle se laissait faire, immobile, amorphe. Elle était complétement perdue, aussi bien physiquement, que mentalement. Elle commençait à faiblir, redoutant ce qui allait se passer dans les jours et les mois à venir... Elle se sentait... incapable de surmonter tout ce qui lui arrivait... Elle s'enfonçait, peu à peu, dans une terreur anonyme, qui l'envellopait, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte...

Elle aida cependant son amant, lorsqu'il lui enleva son haut. Il était trempé et donc, collait à la peau, offrant une certaine résistance. Mais ils parvinrent à en venir à bout, et le jeune homme l'entoura, pour la réchauffer... Elle posa sa tête sur son épaule, les yeux ternes, un peu vide... Elle ne savait plus du tout... où elle en était... Elle s'accrocha au vêtement du futur père, se blottissant contre lui, comme si elle voulait fusionner avec lui. Et elle ne souhaitait que ça d'ailleurs... Elle avait l'impression d'émerger d'un long rêve, qui s'était brutalement brisé...

"Heiji... je suis désolée... désolée... je crois... que je me suis... perdue..."

Elle enfouit son visage dans son cou, la gorge serrée, sa peau commençant à se réchauffer grâce au jeune homme, bien que le bout de son ventre reste un peu froid...

"Perdue? Mais qu'est-ce que tu racontes?"

Cependant, Hauru ne répondit pas, se serrant encore plus contre lui. Enfin, autant que son ventre le lui permettait...
Pensant avoir terminé, Heiji referma ses bras sur le corps de la future mère, et posa délicatement ses lèvres dans son cou. Plusieurs minutes passèrent, sans que ni l'un, ni l'autre, ne bouge. Enfin, le jeune homme l'éloigna doucement, pour pouvoir contempler son visage. Il remarqua ses traits crispés, et ses yeux brillant d'une lueur d'angoisse. Tout en lui caressant la joue avec le dos de sa main, il lui demanda:

"Dis-moi ce qui ne va pas, Hauru. S'il te plaît, dis-le-moi."

"J'ai... peur..."

Elle n'avait fait que murmurer, cherchant à rester contre lui, le plus possible. Elle avait peur, oui... Peur de faire des erreurs, de ne pas être une bonne mère... Ou pire encore, de reproduire ce qu'elle avait vécu sur son enfant... Et elle ne voulait ça pour rien au monde... Cependant... Elle n'avait pas vraiment eu de parents, encore moins de mère... Elle ne savait pas... comment se comporter en tant que telle... Elle avait tellement peur... d'échouer...

Visiblement, il n'avait pas entendu ce qu'elle avait dit. Combattant comme elle pouvait sa gorge serrée, elle murmura, une seconde fois.

"J'ai peur... d'être... une incapable..."

"Hauru..."

Il la sentit enfouir son visage dans son cou. Ne sachant pas vraiment quoi dire, le jeune homme demeura d'abord silencieux, lui caressant les cheveux.

"Ecoute-moi... Je suis certain que tu feras une très bonne mère. Après tout, tu as réussi à, si l'on peut dire, éduquer bonhomme et Feanor. Ce qui n'était pas du tout cuit. C'est vrai qu'ils ont encore des défauts, mais nous en avons tous."

Il réussit à relever son visage, et la regarda droit dans les yeux.

"Et puis... Tu m'as, moi. Je serai toujours à tes côtés... Quoi qu'il arrive. Je t'aiderai. Fais-moi confiance..."

"Je... je sais... que tu sera là... et que tu saura... bien t'occuper de notre enfant... Mais... Tu m'as beaucoup aidé pour l'éducation, de Valaraukar et Feanor, alors... que je n'ai pas eu l'impression... de faire grand-chose..."

Elle détourna le regard. Elle ne savait pas s'y prendre, et si elle lui faisait confiance... Elle doutait de ses capacités à elle. Elle ne voulait pas qu'il s'occupe seul de l'enfant à naître... Mais elle ne voulait pas non plus échouer, dans son prochain rôle de parente.

"Je sais... que tu es là... que tu restera là... que je peux te faire confiance... C'est... c'est de moi... dont j'ai peur..."

Oui, elle avait peur... peur d'ôter la vie par erreur, à un être innocent... peur... de tout gâcher...

"Arrête de te sous-estimer, Hauru!"

Il l'éloigna de lui, ses mains sur ses épaules.

"Reprends confiance en toi! Bien sur que tu es capable de t'occuper de notre enfant! Tu veux une preuve? Même si tu avais peur de ma réaction, tu voulais le garder! Tu t'y es déjà attaché, inconsciemment! Alors oui, je te crois capable de l'élever!"

Heiji, une fois ces paroles prononcées, se mordit la lèvre, regrettant ce qu'il venait de lui dire. Il s'assit sur le canapé, poussant un soupir.

"Excuse-moi. Je crois que je suis un peu sur les nerfs, en ce moment... Mais, tu sais, moi aussi, je doute de moi, même si je ne le laisse pas vraiment paraître. J'ai peur de refaire les mêmes erreurs qu'avec Kazuha."

Elle le regarda, désolée. Elle l'avait, par erreur, énervé... Elle poussa un soupir, en colère contre elle-même et alla s'asseoir à côté de lui. Elle passa la couverture derrière lui, se lovant contre son torse, blottie contre son corps. Elle posa sa tête sur son épaule, et, lui prenant la main, il la posa sur son ventre arrondi, un peu froid.

"Tu sais, je pense que tu ne refera pas les mêmes erreurs... Regarde Cyrion et Elena... Regarde moi... tu as accepté... que nous puisions rencontrer d'autres personnes... Tu as accepté... que je me lie d'amitié avec Akemi, Ran et Shinichi... Si je t'appartiens totalement, de tout mon coeur, de tout mon corps... tu me laisses une certaine liberté tout de même..."

Elle eut un sourire, passant une main sur son torse... Puis, approchant son visage de son cou, elle l'embrassa, avant de murmurer quelques mots...

"Vient avec moi dans la chambre... toi aussi tu es trempé, tu va avoir froid... Alors viens... je veux... être contre toi... pour me rassurer..."

Heiji se releva et la souleva doucement dans ses bras, l'amenant ainsi jusqu'à leur chambre. Il la posa délicatement sur le lit, puis ferma la porte. Trop inquiet de l'état d'Hauru pour s'en apercevoir auparavant, ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte que lui aussi avait un peu froid, ses vêtements mouillés lui collant à la peau et n'arrangeant rien. Il se débarassa de son haut, qu'il laissa sur une chaise, puis vint auprès de sa compagne, l'attirant dans ses bras. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il sentit ses cheveux sur son torse.

"Eh bien, on fait bien la paire, tous les deux, trempés comme ça..."

Elle resta contre lui, en souriant, profitant de sa chaleur, de son corps, son doigt caressant son torse, traçant la courbe de ses abdos. Elle posa ses lèvres sur les siennes, avant de parcourir un peu sa peau. Elle n'osait pas trop le lui dire, mais elle avait envie de lui... Oui... Elle voulait se rassurer le sentir contre elle, dans son corps... Elle resta contre lui, à effleurer doucement sa peau, son pied jouant délicatement avec le sien.

"Je t'aime Heiji... Je te désire... J'aimerai... que tu n'appartiennes qu'à moi..."

Elle lui sourit, venant de nouveau coller ses lèvres contre les siennes. Bien entendu, elle ne le voulait pour elle qu'au niveau du coeur. Disons... qu'elle ne voulait pas qu'il aille voir ailleurs... Ou qu'il y pense... C'était... Egoïste et elle le savait, mais ne pouvait pas lutter contre... Après tout, elle était enceinte de lui...

Le jeune homme à la peau basanée posa son index sur ses lèvres, lui faisant signe de se taire.

"Alors, ne dis plus rien, ma chérie. Ne dis rien..." Murmura-t-il.

Il se pencha au dessus d'elle, l'embrassant passionément sur le visage, puis descendant dans son cou, sur ses épaules, ses bras. A nouveau, il remonta jusqu'à son cou, effleurant au passage ses bras de ses lèvres, et recommença ses baisers, descendant cette fois-ci sur sa poitrine. Au niveau de son ventre rond, il marqua un temps d'arrêt. Posa sa main dessus. Sa peau un peu tendue se soulevait régulièrement, au rythme de sa respiration.

Elle lui caressa le visage, parcourant sa peau de tendres caresses. Elle resta contre lui, et elle remarqua son léger temps d'arrêt au-dessus de son ventre. Elle esquissa et se redressa, l'embrassant sur le haut du crâne. Elle se courba, pour susurrer doucement quelques mots à son oreille.

"Ne t'en fais pas, je ne risque rien... et, si tu as peur... on peut toujours tenter de procéder autrement..."

Elle lui sourit de nouveau, le désirant vraiment. Doucement, elle glisa ses mains dans son dos, descendant un peu plus bas, effleurant son corps, dans un endroit où elle seule avait le droit d'accés. Elle se mit à rire, en voyant son air surprit, mais continua, l'embrassant avec tendresse, laissant sa langue danser avec la sienne...

Bientôt, Heiji sentit de nombreux frissons lui parcourirent le corps, sous les caresses de sa compagne. Cependant, loin de lui être désagréables, ces frémissements ne faisaient qu'accentuer son envie de la protéger, de l'aimer de tout son corps et de tout son coeur. Posant sa tête dans son cou, il inspira son odeur, souhaitant s'en imprégner, s'en souvenir pour toujours, profitant de chaque instant présent, comme s'il avait peur que, le lendemain, elle eut disparu, que tout cela n'avait était qu'un rêve. Mais, un rêve magnifique...
Doucement, il glissa ses mains derrière son dos, descendant jusqu'à ce que ses doigts rencontrent son soutien-gorge. Il le dégrafa, libérant sa poitrine quelque peu opressée, développée par ses hormones, en prévision de l'allaitement du futur enfant.
Soudain, il s'arrêta. S'appuyant sur ses bras, chacun d'un côté du visage de la jeune femme, son visage à seulement quelques centimètres du sien, ses yeux plantés dans son regard d'émeuraude, il lui souffla, après quelques instants d'un silence hésitant:

"Tu es certaine que tu ne crains rien? Pour toi ou... Le bébé? Si... Si je vous faisais du mal, même involontairement... Je crois que je ne me le pardonnerait jamais..."

Elle le regarda dans les yeux, en souriant, comprenant qu'il s'inquiétait pour eux. Se redressant, elle l'embrassa avec amour et tendresse, caressant son torse à maintes reprises. Elle l'aimait tellement... Gardant son front contre le sien, elle laissa son regard planté dans celui de saphirs de son amant.

"Ne t'inquiète pas... je t'ai dit... que si tu te faisais du souci... on pourrait procéder... autrement. Mais normalement, mis à part mon ventre qui risque de te gêner... il ne devrait pas y avoir de problèmes..."

Il ne semblait pas convaincu et, tout sourire, Hauru le guida avec douceur. Se plaçant sur le côté, elle l'invita à se coller contre son dos. Ainsi, il pouvait tout faire... Et avait une plutôt bonne vue sur le corps changeant de sa compagne. Tournant la tête pour le regarder, elle se blottit contre lui, se remettant face à lui.

"C'est comme tu veux, mon amour... Si tu refuses, ce ne sera pas grave... C'est toi qui décides d'accord ?"

Le jeune homme se laissa finalement convaincre par sa compagne. Leurs jeux amoureux durèrent une bonne partie de la nuit, mais pour eux, cela paraissait trop court. Ils auraient bien aimé que cette sensation d'amour, de véritable fusion de leurs deux corps, dure éternellement, comme s'ils étaient coupés du monde, qu'il n'y avait plus qu'eux, que tous leurs problèmes étaient effacés... Mais, cela devait bien s'arrêter un moment.
Ils étaient donc là, collés l'un à l'autre, leurs bras étroitement serrés autour de la taille de l'être qu'ils chérissaient. Le souffle un peu court, les deux futurs parents se dévisageaient avec tendresse, comme la première fois qu'ils s'étaient avoués leurs sentiments.